NOËL AUTREFOIS
La vie de notre paroisse a été depuis toujours rythmée par le calendrier des fêtes religieuses. Tandis que tout au long de l’année, la célébration de fêtes, parmi lesquelles, la Nativité du Seigneur le 25 Décembre occupait et occupe toujours une place très particulière.
Une lumière au cœur de l’hiver

Sans être trop rude, l’hiver coïncide avec une période de brume, de pluie, de froid humide et parfois -de plus en plus rarement-, de neige, avec des routes couvertes de la boue sortie des champs de betteraves et les labours.
Fêter Noël au cœur de l’hiver permettait de faire entrer dans les maisons, la lumière qui manquait dehors, avec les bougies, la crèche, le sapin. Les veillées plus longues culminaient avec la messe de Minuit célébrée partout où il y avait un Curé. Une majorité d’habitants y assistaient.
La lumière brillait dans les églises humides jusqu’à une heure avancée puisque, il y a une trentaine d’années, la messe commençait encore à minuit, parfois précédée par un petit spectacle ou une « crèche vivante » avec les enfants du village.
Une fête d’abord religieuse

Noël était alors une fête avant tout religieuse, célébrée de façon encore traditionnelle.
On chantait accompagné de l’harmonium : « Les Anges dans nos campagnes, Minuit chrétiens » et surtout, à la sortie : « Il est né le Divin enfant, jouez Hautbois, résonnez musettes » que les enfants comprenaient : « jouez aux bois » et dont les adultes refusèrent longtemps la version moderne d’après le Concile : « jour de fête aujourd’hui sur terre».
Au fil des quatre dimanches de l’Avent précédant Noël, les enfants faisaient l’apprentissage de la patience et du recueillement. Ils ouvraient une à une de petites fenêtres du calendrier de l’Avent, découvrant des images symboliques qui leur faisaient suivre un cheminement spirituel jusqu’à la Nativité. Les « Vacances de Noël » étaient spécialement prévues pour qu’ils puissent profiter à plein de cette fête .
Le « Petit Jésus » descendait alors dans la cheminée pour apporter des cadeaux aux enfants sages dont les chaussures attendaient devant le foyer. Il n’était pas question du Père Noël, institution païenne, mal vue par les croyants.
Ces cadeaux ne ruinaient pas les foyers et les plus anciens d’entre nous se souviennent de s’être contentés d’une orange. Ils étaient souvent préparés par les enfants eux-mêmes. Quant au « Réveillon » on se régalait d’une tasse de chocolat et d’un morceau de brioche et le déjeuner de Noël n’était pas un festin, mais on lui réservait une belle volaille, suivie d’un gâteau maison.
Toute la société était à l’unisson de la fête et au siècle dernier des bandes d’enfants joyeux parcouraient les villages en chantant de petites comptines comme :

Et on leur donnait des friandises.
Une fête de la Charité
Noël c’était aussi la fête de la Charité : on donnait pour des œuvres, pour soulager les grands malheurs du moment : guerre du Biafra , famine en Inde .. On visitait les personne âgées, les malades. On s’inquiétait de la provision de bois des pauvres du village. Quelques familles plus aisées organisaient un arbre de Noël, préparé par un « ouvroir » de paroissiennes où des jouets étaient confectionnés pour les enfants nécessiteux .
NOËL AUJOURD’HUI
Cultiver des valeurs
Il y a beaucoup à retenir des anciennes pratiques autour de Noël et de sa préparation :
- vivre l’Avent en famille comme une découverte progressive du mystère.
- continuer à faire de Noël une fête du partage et du don, en visitant les personnes isolées, les étrangers ou en les invitant.
- en période de confinement nous rapprocher des malades, des anciens , des isolés grâce aux moyens de communication disponibles : téléphone, internet, courrier etc. .
- profiter de ce temps pour embellir raisonnablement nos maisons avec ces belles guirlandes qui illuminent désormais nos villages, nos églises.
- offrir des Crèches aux enfants et les préparer avec eux.
- échanger au cours de veillées sans télévision, lire, écouter de la musique sacrée comme le Messie de Haendel ou l’Oratorio de Noël de Jean-Sébastien Bach, voire des chansons « à paroles » comme celles de Vianney.
- préparer ensemble les bonnes choses qu’on dégustera et partagera, en utilisant des produits sains et locaux.

Redonner du sens
Noël aujourd’hui a beaucoup changé.
C’est la seule fête catholique à avoir été si profondément récupérée par notre époque.
On peut se réjouir que le jour où nous célébrons la naissance du Christ, chacun soit invité à être joyeux et à faire la fête !
Néanmoins les Chrétiens doivent rappeler le sens sacré de Noël et faire entendre leur voix dans le tintamarre commercial qui accompagne les fêtes de fin d’année.
On ne se souhaite plus « Joyeux Noël ! » mais « Bonnes fêtes ! », comme s’il ne fallait pas choquer les tenants des autres religions ou les athées ! Nous devons au contraire lancer fièrement nos « Joyeux Noëls » et ne pas hésiter à souhaiter à nos frères, le temps venu un « bon Ramadan ! » et un « joyeux Kippour ! »
On n’expose plus les Crèches dans les lieux publics, laïcité oblige, en oubliant que si ce genre de principe avait été appliqué au Moyen Age, la Picardie ne pourrait s’enorgueillir aujourd’hui des chefs-d’œuvre de l’art gothique que sont les cathédrales d’Amiens, Beauvais, Senlis,Noyon et Soissons et de toutes nos belles églises de village au cœur de nos cités comme Saint-Martin-aux-Bois dont nous sommes si fiers.

Le Plateau Picard regorge de signes de nos racines chrétiennes (chapelles, calvaires.. ) qui doivent être mis à l’honneur au moment de Noël. Et puisqu’on voudrait nous nous cantonner à nos églises et à nos maisons pour affirmer notre Foi, pourquoi n’ouvririons-nous pas toutes nos églises quelques heures ce jour-là, ornées d’une belle crèche avec un sono diffusant des chants de Noël et un accueil pour les visiteurs ! Cela deviendrait un but de promenade-découverte après le repas familial, pour les familles et leurs hôtes et une occasion pour les croyants de rappeler le sens de Noël. Pour les non croyants il est incompréhensible que nos édifices religieux ne « respirent pas » de nos plus grandes fêtes, cela conforte ceux qui annoncent la fin du catholicisme à grand renfort de statistiques.
Et pour les liturgies nous devons continuer à nous regrouper nombreux, dans des églises accueillantes, pour des messes alliant tradition et modernité dans la musique et dans la joie avec le but d’intéresser nos jeunes et de leur faire retrouver le sens de Noël !
Olivier de BAYNAST